Le SUV intermédiaire coréen s’appuie sur sa grande batterie pour séduire les amateurs de véhicules thermiques.
La raison de son design très anguleux est désormais évidente. « L’EV3 représente le pilier de notre stratégie pour les trois à quatre prochaines années », affirme Fabrice Martin-Blas, directeur général de Kia France.
Ce SUV de taille intermédiaire, lancé cet automne dans un contexte difficile pour le marché de l’électrique, vise à rivaliser avec des modèles tels que la Renault Mégane E-Tech, la MG 4, mais également le Volvo EX-30 ou le Peugeot e-2008.
Positionné sous l’e-Niro qui mesure 4,42 m, le Kia EV3 fait partie d’un catalogue qui reste diversifié, notamment grâce à son prédécesseur, disponible jusqu’à nouvel ordre.
Un modèle entre deux segments
Comme mentionné dans notre article précédent, un des atouts majeurs de l’EV3 réside dans son **rapport taille/autonomie**.
Ce modèle, qui repose sur la plateforme e-GMP développée par le groupe Hyundai-Kia, peut être équipé de batteries d’une capacité atteignant 81,3 kWh, alors que ses concurrents se limitent souvent à des capacités entre 50 et 70 kWh. Cela lui permet d’annoncer des autonomies théoriques dépassant les **550 km WLTP** lorsqu’il est équipé de sa batterie de grande capacité.
Les conducteurs de voitures thermiques, souvent touchés par la crainte de manquer d’autonomie, devraient ainsi trouver une source de réassurance. **L’EV3 pourrait séduire** ceux qui envisagent de passer à un modèle plus compact, notamment dans un contexte de hausse significative des prix des voitures.
« Selon nos recherches, déclare Fabrice Martin-Blas, jusqu’à 53 % des possesseurs de SUV de taille supérieure, comme le Peugeot 3008, sont ouverts à un modèle de dimensions inférieures ». L’EV3 représente donc, d’après le responsable de Kia France, une excellente option pour ceux ayant acquis un SUV-C il y a trois ou quatre ans.
Kia voit également un potentiel pour ce format auprès des utilisateurs professionnels, traditionnellement attirés par des véhicules plus imposants d’environ 4,50 m : « Ces modèles ont une image plus élitiste, peuvent être intégrés aux politiques de flotte des entreprises et commencent à afficher des autonomies évoluant vers 600 km », assure Fabrice Martin-Blas, fort de son expérience chez Peugeot, Nissan et Toyota. Notons également un coffre de **430 litres**, digne de la catégorie supérieure. Le timing est propice, car le gouvernement entend encourager la transition écologique des flottes par la mise en place de sanctions.
Une usine emblématique
Le Kia EV3 est fabriqué dans l’usine historique de Kia à Sohari, en Corée du Sud. Inauguré en 1973, ce site se trouve idéalement situé entre Séoul et le grand port d’Incheon.
Au cours de la présidence de Park, il a produit plus de 20 000 exemplaires de la Kia Brisa, le tout premier modèle de la marque, conçu à partir des plans et des composants d’une Mazda Familia japonaise.
Après la turbulente période consécutive à l’assassinat de Park en 1979 et l’arrivée au pouvoir de Chun Doo-hwan, Kia a dû faire face à des défis économiques considérables, accentués par les répercussions du second choc pétrolier. Le nouveau gouvernement a sommé Kia de se concentrer sur la fabrication de véhicules utilitaires légers pour soutenir d’autres entreprises comme Hyundai.
Ce n’est qu’à la fin des années 1980, avec la libéralisation politique, que Kia a pu retrouver le marché automobile avec la sortie de la Pride, également inspirée par la Mazda 121 de l’époque. À cette époque, Kawasaki était en partenariat avec Ford.
Detroit a même envisagé d’acquérir Kia lorsque la marque a rencontré des difficultés à cause de la crise asiatique de 1997. Finalement, Kia a fait alliance avec Hyundai. Les deux marques coréennes partagent désormais plusieurs plateformes, y compris l’e-GMP qui est utilisée pour l’EV3.
Objectif : doubler la part des véhicules électriques
L’EV3 est crucial pour relancer les ventes de modèles électriques chez Kia. Bien positionnée au début de la décennie avec des modèles comme l’e-Soul et l’e-Niro, la marque a cependant accusé un certain retard récemment. En 2023, la part des véhicules électriques dans ses immatriculations était de 18 %, mais il n’atteignait que 12 % au cours des neuf premiers mois de cette année.
« Nous avons une avance sur le marché pour les hybrides et hybrides rechargeables, mais nous accusons un léger retard sur le segment entièrement électrique cette année », résume Fabrice Martin-Blas. La raison ? La perte du bonus d’achat, due à la fabrication du Niro EV en Corée, impacte le marché français. L’absence de nouveaux modèles n’a pas non plus facilité les choses, car le grand EV9 ne génèrera jamais un volume significatif sur notre sol.
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Plus de 5 000 immatriculations annuelles
La situation devrait s’améliorer grâce à l’EV3. « Notre objectif est d’atteindre 70 % de notre gamme électrifiée l’année prochaine, précise Fabrice Martin-Blas, et 25 % de cette gamme sera représentée par des modèles 100 % électriques ». Ce modèle devrait contribuer à dépasser les 5 000 immatriculations annuelles sur le territoire français.
Pour comparaison, sur les dix premiers mois de l’année, Volvo a vendu près de 4 700 EX-30 et Cupra a écoulé un peu plus de 3 800 Born dans le pays, d’après les statistiques du Comité des constructeurs français d’automobiles.
Kia vise donc à doubler sa part de véhicules électriques d’ici à 2025, même si sa forte électrification actuelle (57 % en France au premier semestre 2023, en comptabilisant VE, hybrides et hybrides rechargeables) devrait la protéger des sanctions sur les émissions en Europe, qui entreront en vigueur le 1ᵉʳ janvier prochain.
Un moment de pause ou de stagnation ?
Après une période de forte croissance, Kia voit son rythme de croisière ralentir légèrement. Au cours des dix premiers mois de l’année, la marque a enregistré une part de marché de 2,6 % en France, en baisse par rapport à 2,8 % à la fin de l’année précédente. « Nous maintenons notre position », tempère néanmoins le dirigeant de la filiale française. Sur le continent, la part de marché est restée stable, avec environ 4,5 % au cours des trois dernières années.
2008 : 15 739
2013 : 33 504
2018 : 42 313
2023 : 49 193
Parts de marché de Kia en Europe :
2003 : 0,8 %
2008 : 1,7 %
2013 : 3,0 %
2018 : 3,4 %
2023 : 4,5 %
Il est crucial de rassurer notre réseau qui, à l’heure actuelle, est moins enclin à la fidélité. Cela est mis en lumière par la récente Cote d’amour des constructeurs publiée par le syndicat professionnel Mobilians.
Ce classement concernant les relations entre les marques et leurs distributeurs montre que Kia est passée de la 3ᵉ à la 16ᵉ place en seulement trois ans. Les concessionnaires expriment encore leur satisfaction quant à la rentabilité (plus de 6/10), mais font état de problèmes concernant les véhicules d’occasion. Le lancement de l’EV3 devrait leur apporter un nouvel élan.
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Le catalogue s’élargira…
Les 200 points de vente de Kia peuvent se réjouir : outre l’EV3, **de nouveaux modèles arriveront prochainement**.
La seconde partie de 2025 marquera le lancement du Kia EV5. S’étendant sur 4,62 m, ce modèle, qui partage la plateforme e-GMP de 400 volts avec l’EV3, se positionne face à la Tesla Model Y, Skoda Enyaq et Peugeot e-3008. Son assemblage se fera à Yansheng, en collaboration avec Jiangsu Yueda, mais il sera soumis aux aléas liés à l’importation venant de Chine.
En Europe, l’EV4, qui pourrait jouer un rôle clé, est en préparation. Adapté aux besoins du marché européen, il sera probablement assemblé dans notre région. Pour Kia, la solidité et la diversité sont vitales ; un bâtiment est plus robuste avec plusieurs fondations.
En attendant l’EV4
L’e-GMP permettra également de donner naissance à un autre modèle. Des indiscrétions autour de la Kia EV4, dont des prototypes ont été aperçus dans les forêts du Nürburgring, laissent entendre qu’il s’agira d’une compacte spacieuse, probablement autour de 4,40 m. Spécialement conçue pour le marché européen, son assemblage se fera à Žilina, en Slovaquie.
L’EV4 ne visera pas uniquement à rivaliser avec la MG 4 et la Renault Mégane E-Tech sur le plan des prix, mais plutôt sur celui de l’autonomie. Si l’EV3 affiche déjà des performances très compétitives de 600 km WLTP, cette compacte, légèrement plus basse, devrait logiquement dépasser ces chiffres en tirant parti de la même plateforme e-GMP 400 volts.
Il est également probable qu’une version sportive, probablement appelée GT, soit proposée, empruntant certains éléments de l’EV6 GT. D’autres informations à ce sujet devraient voir le jour l’année prochaine.
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