Après Alfa Romeo et Fiat, un troisième constructeur automobile est dans le viseur du gouvernement italien qui lui reproche de tromper le client quant à ses origines. DR Automobiles vient ainsi d’écoper de 6 millions d’euros d’amende.
En Italie, le gouvernement ultra-conservateur de Giorgia Meloni milite depuis plusieurs mois pour **préserver son « Made in Italy ».**
Alfa Romeo et Fiat en bras de fer avec le gouvernement italien
Cette notion, plutôt abstraite, voudrait que **chaque voiture vendue dans le pays ne puisse revendiquer ses origines italiennes si elle n’a pas été produite sur place**. Le chapitre le plus marquant de ce feuilleton est bien sûr celui de **l’Alfa Romeo Milano**, un nouveau SUV de segment B qui sera lancé dans les prochaines semaines. Son tort ? S’appeler Milano, capitale du Piémont et fief d’Alfa Romeo, alors qu’il est produit en Pologne, dans l’usine Fiat de Tychy. Le gouvernement s’était dit profondément choqué qu’un modèle puisse porter le nom d’une ville italienne alors qu’il n’est pas produit sur place. Stellantis avait réagi en arguant qu’il avait été avant tout dessiné et conçu en Italie, et que son lieu d’assemblage n’enlevait rien à ses origines. Dans la catastrophe, Alfa Romeo l’avait tout de même renommé « Junior », seulement quelques jours après sa présentation en tant que « Milano ». Autre histoire, toujours chez Stellantis : **les Fiat Topolino et 600e ont été bloquées dans les ports par la Guardia di Finanza**, sous prétexte qu’ils arboraient un drapeau italien (minuscule, sur la portière pour la première, sur la malle de coffre pour le second) alors qu’ils ne sont pas produits dans la péninsule (Kenitra (Maroc) pour la Topolino, Tychy (Pologne) pour le 600e). Depuis, Stellantis s’est engagé à retirer cet artifice de ces deux modèles.
DR Automobiles aussi dans le viseur
Mais il n’y a pas que Stellantis qui s’attire les foudres du gouvernement italien : **le constructeur DR est désormais, lui aussi, visé par une enquête** sur ses supposés modèles « Made in Italy ». Fondée en 2006 par un industriel italien, DR distribue dans le pays (et sur quelques autres marchés européens, comme l’Espagne) **des modèles chinois produits sous licence et rebadgés** en son nom. DR est en effet en étroite collaboration avec les constructeurs Chery, JAC et BAIC, qui lui fournissent des modèles « clé en main », **assemblés en Chine puis expédiés sous forme de kits chez DR**, qui les monte en Italie. La marque compte déjà six modèles dans sa gamme, dont quatre SUV, un pick-up et une mini citadine électrique. Le gouvernement de Giorgia Melon reproche aujourd’hui à DR de « **faussement commercialiser les voitures DR comme des produits fabriqués en Italie**, alors qu’elles sont principalement fabriquées en Chine, avec des opérations mineures de finition et d’assemblage effectuées en Italie. » Bilan des courses ? 6 millions d’euros d’amende pour le petit constructeur italien, qui a immédiatement réagi : « Nous contestons totalement la décision de l’AGCM [l’Autorité de la concurrence en Italie, ndlr] et sommes sur le point de l’attaquer, persuadés qu’elle sera entièrement annulée. »
L’Italie monte donc encore d’un cran dans la lutte pour sa souveraineté territoriale, et DR Automobiles ne devrait pas être sa dernière victime…
