Recharger une voiture électrique en copropriété : quelle galère !

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Photo de Philippe SCHWOERER
La Tesla Model Y de Guillaume

Ingénieur commercial dans le secteur de l’énergie, Guillaume a pris possession d’une Tesla Model Y en tant que véhicule de fonction depuis août 2024. En tant que membre élu au conseil syndical, il œuvre pour l’implémentation d’une solution de recharge destinée aux copropriétaires de sa résidence. Cette initiative requiert une préparation minutieuse et un engagement sur le long terme. Heureusement, son entreprise soutient ses employés dans cette démarche.

Nouveau catalogue pour les voitures de fonction

Basé dans la région de Metz, Guillaume travaille dans une agence à Nancy spécialisée dans les réseaux de chaleur et la maintenance énergétique. Le nouveau catalogue de juin 2024 concernant les voitures de fonction propose des options intéressantes : « Les employés parcourant moins de 25 000 km par an se doivent d’opter pour un modèle électrique. Ceux qui effectuent davantage de kilomètres peuvent choisir des véhicules hybrides rechargeables. ».

Avec un total d’environ 30 000 km annuels, Guillaume aurait eu la possibilité de demander un Hyundai Tucson, un Kia Sportage ou une Seat Leon PHEV : « Je préférais un modèle électrique. Dans le précédent catalogue, j’avais remarqué la Cupra Born. Étant donné la distance que je parcoure, ma seule option en 2024 a été la Tesla Model Y avec une grande autonomie. Les modèles électriques comme la Peugeot e-208, e-2008, ainsi que les Renault Scenic et Megane E-Tech avaient des batteries jugées trop limitées. ».

Ce passage à l’électrique concerne d’autres membres de son équipe : « C’est ma première voiture électrique. Mon manager a échangé sa Peugeot 508 hybride pour une Tesla Model 3, et une collègue a, comme moi, opté pour une Model Y. Au sein de mon entourage professionnel, les autres n’ont pas changé de véhicule de fonction en 2024. ».

Bientôt les utilitaires aussi passeront à l’électrique

La société de Guillaume ne fait pas exception à la tendance à décarboniser sa flotte : « Nos utilitaires, comme les camionnettes des techniciens, commenceront également à devenir électriques. Nous envisageons de remplacer les Jumpy diesel par des Citroën ë-Jumpy. Au départ, le projet d’installation de bornes de recharge n’était pas clair, mais les choses avancent. ».

Une option envisagée permettrait aux techniciens de recharger chez eux : « Ce serait idéal qu’ils puissent quitter le matin avec une batterie pleinement chargée. L’employeur financerait une borne ainsi qu’une demi-journée de travail d’un électricien pour l’installation. Le reste des frais incomberait au salarié, qui pourrait conserver le matériel après son départ de l’entreprise. A ce jour, aucun technicien n’a encore pu bénéficier de cette possibilité, puisque tout cela est encore récent. ».

Quelles sont les différences majeures entre la situation des commerciaux et celle des techniciens ? « Lorsque je suis au bureau, je peux recharger en arrière-plan sur l’une des deux bornes de recharge installées à l’agence. Cette année, ça coïncide avec l’arrivée des premiers véhicules électriques. Je dispose d’un pass pour m’identifier, en plus d’un badge pour le système TotalEnergies remplaçant ma carte précédente pour le carburant. En revanche, les techniciens sont souvent sur des chantiers où il n’est pas possible de brancher les utilitaires. Cela rend la recharge la nuit chez eux beaucoup plus pratique lorsqu’elle est réalisable. ».

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Une station rétrofitée à proximité

Guillaume souhaite également pouvoir recharger chez lui : « Chaque déplacement entre Metz et Nancy consomme environ 12 à 13 % de ma batterie. Ainsi, lorsque je pars en vacances après une journée de travail, je commence avec au maximum 87 % de charge. J’aimerais mieux partir avec la batterie pleine. ».

Quand il reste chez lui pendant les congés, il dispose d’une solution de recharge : « À seulement deux minutes de chez moi, dans le centre de Metz, une ancienne station-service Total a été transformée en un site avec quatre bornes rapides de 300 kW pour remplacer trois pompes à essence. Chaque borne peut charger deux véhicules simultanément. J’en ai utilisé une une quinzaine de minutes à quelques reprises. J’y suis allé trois ou quatre fois. Des bornes de 22 kW AC sont également disponibles dans mon quartier. ».

La station continue d’accueillir des véhicules thermiques : « Le poste de lavage et le gonfleur ont été conservés, d’où leur présence. Chaque fois que j’y vais pour recharger, plusieurs véhicules électriques sont généralement déjà branchés, souvent deux à la fois. Il arrive d’y croiser des utilitaires également. ».

Copropriété de 40 appartements

La copropriété où vit Guillaume se compose de quarante appartements : « Chaque entrée est associée à dix logements et leurs box. Au fil du temps, certains garages ont été vendus, ce qui fait que certains appartements disposent d’un, deux, ou aucun garage. Certains box sont d’ailleurs occupés par des personnes extérieures à la résidence. La majorité des garages se trouvent au sous-sol, mais une rangée est également visible derrière le bâtiment. ».

La Tesla Model Y de Guillaume n’est pas garée dans l’un de ces box : « Outre ces box, la copropriété offre cinq ou six places de parking privatives. C’est sur l’une de ces places que j’ai garé ma voiture électrique. L’emplacement est suffisamment spacieux, même s’il n’est pas directement devant chez moi, mais il pourrait être équipé d’une borne sur le muret. Actuellement, il n’y a que ma voiture électrique dans la résidence, à l’exception d’une hybride rechargeable qui utilise un box avec une prise renforcée et un compteur dédié. ».

Guillaume a pris le temps d’évaluer la situation : « Même si la majorité des copropriétaires adhèrent à l’idée que la mobilité électrique est l’avenir, certains ne souhaitent pas investir de l’argent dans quelque chose dont ils estiment ne pas tirer profit. Cependant, d’autres copropriétaires, mieux informés, sont ouverts à cette idée. ».

Les deux possibilités écartées

Une initiative collective a été lancée : « Pensant qu’il serait trop coûteux de faire installer moi-même une borne, j’ai proposé à la copropriété de lancer une démarche collective. Une entreprise est venue présenter trois solutions. Depuis, nous n’avons plus de nouvelles du syndic à ce sujet, c’est le syndic qui doit effectuer les demandes auprès des entreprises concernées. ».

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La première option a été écartée immédiatement : « Cette solution provenait de l’entreprise Waat, qui se chargeait du coût d’installation et des infrastructures communes. Les copropriétaires intéressés devraient payer leur borne, acquitter un abonnement et subir un tarif élevé pour chaque kilowattheure utilisé. Cela ne semble pas rentable. Qui plus est, que se passerait-il avec l’infrastructure en cas d’arrêt du contrat avec l’entreprise initialement choisie ? ».

Une seconde option a également été refusée : « Dans la région de Metz, le gestionnaire de réseau électrique n’est pas Enedis, mais Réséda. Les deux solutions restantes nécessitent une demande de travaux pour infrastructures à réaliser par ce dernier. La seconde option, qu’il n’est pas pertinent d’envisager, exigerait la contribution de tous les copropriétaires, même ceux qui ne seraient pas intéressés par l’installation d’une borne. ».

Pas de visibilité sur l’avancement du projet

Pour ceux qui souhaitent bénéficier d’un chargeur sur leur emplacement de stationnement, la solution choisie est celle qui a le coût initial le plus élevé : « Pour les travaux, il y a un seuil maximum à ne pas dépasser, d’environ 2 500 à 2 700 euros par personne. Chaque intéressé peut sélectionner sa borne et le fournisseur d’électricité. Pour nous, UEM (Usine d’électricité de Metz) a remplacé EDF. Une personne motivée doit se manifester pour lancer le projet. ».

Cette solution a été validée lors d’une réunion du conseil syndical à laquelle Guillaume participe en tant qu’élu. Il souligne la complexité des démarches : « C’est un défi de comprendre le fonctionnement des demandes et de savoir à qui s’adresser. Souvent, lorsque je contacte Réséda ou UEM, ils ne savent pas répondre à mes questions. Assurément, cela est compliqué car nous avons récemment changé de gestionnaire de syndic. La nouvelle personne effectue bien son rôle, mais doit gérer de nombreuses transitions. ».

En tant que premier demandeur pour l’installation d’une borne, notre lecteur a voulu officialiser sa demande : « J’ai rempli un formulaire sur le site de Réséda. Ils m’ont ensuite contacté pour me dire que c’était le syndic qui devait effectuer la demande. J’ai relancé le syndic à plusieurs reprises, mais je n’ai toujours pas reçu de réponse. Je ne sais pas si le syndic et Réséda ont effectivement discuté de ce projet. ».

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Une démarche bien trop longue

Plusieurs étapes restent à franchir : « Il est nécessaire que la résolution adoptée en conseil syndical soit validée lors de l’assemblée générale du syndic, qui n’a lieu qu’une fois par an, vers mai ou juin. Autant dire que, d’ici là, ne comptez pas sur l’installation d’une borne de recharge sur ma place de parking avant un an au minimum. » Existe-t-il une possibilité de convoquer plus tôt une assemblée extraordinaire ? « Techniquement, oui, mais cela impliquerait des frais pour le syndic. Et étant donné que je suis le seul à faire cette demande, cela ne semble pas envisageable. ».

La longueur de cette procédure pousse Guillaume à avoir opté pour un véhicule électrique : « Si j’avais choisi un hybride rechargeable, adapté à mon kilométrage, elle aurait le plus souvent utilisé son moteur thermique. Mon trajet vers l’agence de Nancy fait une cinquantaine de kilomètres sur une autoroute à 110 km/h avec de nombreux ralentissements. Grâce à mon choix, je peux recharger et rentrer chez moi en grande partie en mode électrique. Mais cela ne s’applique pas pour mon retour. ».

Par ailleurs, Guillaume envisage l’avenir de son foyer : « Aujourd’hui, ma femme utilise une DS3 thermique qui fonctionne bien. Mais si sa voiture devait tomber en panne, elle ne choisirait probablement pas un modèle électrique, puisqu’elle n’aurait pas la possibilité de recharger sur son lieu de travail. ».

Automobile Propre et moi-même exprimons notre gratitude à Guillaume pour sa confiance, sa réactivité, son accueil et son témoignage, que nous avons sollicités après avoir consulté un de ses commentaires sous l’un de nos articles.

Il est rappelé que toute contribution négative envers nos interviewés, leur vie, leurs choix ou leurs idées sera supprimée. Merci de votre compréhension.

Avis de l’auteur

Il faut faire preuve d’une grande persévérance pour pouvoir, un jour, recharger sa voiture électrique sur le box ou la place de parking associée à son logement en copropriété.

Parmi les lecteurs que nous avons précédemment interrogés, certains ont constaté que les bornes ont été installées… plusieurs mois après leur déménagement. D’autres ont même décidé de passer à une maison individuelle pour répondre à leurs besoins en électromobilité, alors même que leur famille s’agrandissait.

Attendre un an ou plus pour bénéficier d’un moyen de recharge semble incroyablement long dans une société qui valorise de plus en plus l’immédiateté. Dans un couple où chacun a son activité, les risques de devoir changer d’habitation dans l’année sont réels.

Il est également délicat d’exiger des copropriétaires qui ne sont pas intéressés par la recharge des véhicules électriques de participer au financement. Un argument peut cependant les convaincre : la valeur ajoutée potentielle de leur bien, alors que les bornes restent encore trop rares dans ces résidences.

Philippe SCHWOERER

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Anthony Levesque

Je suis Anthony Levesque, co-fondateur et rédacteur chez LeFuté.fr. Depuis des années, je nourris une passion profonde pour la communication et le partage d’informations. Mon parcours a commencé en tant que contributeur freelance, une expérience qui a affûté ma plume et mon esprit critique. Spécialisé dans l'actualité automobile, je m'efforce de fournir des analyses détaillées et des explications claires sur des sujets variés, allant des innovations technologiques aux tendances du marché. En plus de la rédaction, je veille à la révision des contenus pour garantir leur exactitude et leur pertinence. Mon engagement envers la qualité de l’information se reflète dans chaque article que je publie.
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