Sous sa ligne évoquant une Fiat 128 hypertrophiée, la Maserati Quattroporte II est en réalité proche de la… Citroën SM ! Inaboutie, elle a pourtant frôlé la fabrication en série : on est passé près du drame voici exactement 50 ans.
🚗 La genèse de la Maserati Quattroporte II :
En regardant bien, on repère des roues de Citroën DS sur cette Maserati Quattroporte II, présentée en 1974. Normal, la base, quoique rallongée, est similaire à celle de la SM, dérivant de la DS. Oui, les feux sous verrière de la Maserati Quattroporte II sont bien ceux de la Citroën SM. Non, l’arrière de la Maserati Quattroporte II, franchement inabouti, ne convainc pas plus que le reste. Au moins deux Maserati Quattroporte II se trouvent en France, dont celle-ci, en Vendée. Notez le rétroviseur de SM. Dans la Quattroporte II, la notion de planche de bord prend tout son sens… On repère des éléments Citroën, comme les aérateurs et le levier de vitesses. Frua ira de sa proposition pour recarrosser la Maserati Quattroporte II, mais elle restera sans suite. Chapron produira quelques SM à quatre portes, baptisées Opera. Le style est lourdaud.
🔍 Un partenariat déroutant :
A la fin des années 60, on a la folie des grandeurs chez Citroën, quand bien même les finances ne sont pas si reluisantes. Alors qu’on a lamentablement arrêté le crucial projet F en 1964, on se permet de racheter d’abord Panhard en 1965, puis Maserati en 1968. Pourquoi ? Pour en récupérer un moteur qui va animer un coupé de haut de gamme : la SM. Lancée en 1970, celle-ci cache sous sa carrosserie ultramoderne une plate-forme proche de celle de la DS et un V6 2,7 l dû à Giulio Alfieri, ingénieur en chef de la marque au trident. Cette dernière récupère à son tour des technologies Citroën, notamment l’hydraulique haute pression dont on retrouvera des éléments sur les Bora, Merak et Khamsin (notamment du côté du freinage).
✨ La Quattroporte II : une collaboration avortée :
Mais la collaboration devait aller bien plus loin : en octobre 1974, Maserati présente au salon de Paris sa Quattroporte de deuxième génération. Succédant à une Quattroporte I élégante et dotée d’un V8 issue de la compétition, elle déconcerte totalement. Déjà par sa ligne banale malgré quelques détails bizarres, évoquant une grosse Fiat 128 : Marcello Gandini, son auteur travaillant alors chez Bertone, n’a pas réalisé là un chef d’œuvre… Ensuite par sa technique. En effet, cette Quattroporte n’est rien d’autre qu’une Citroën SM rallongée et pas encore au point. Elle se contente donc d’un V6, celui porté à 3,0 L de la SM automatique. Le public n’adhère pas du tout (en Europe, la traction est rejetée à ce niveau de gamme) et le constructeur n’a pas les moyens de la finaliser.
🤔 Des similitudes troublantes :
Mais l’idée d’une improbable berline sur base de SM vient-elle de Maserati ? Rien n’est moins sûr. Il est évoqué qu’une variante dessinée en interne chez Citroën ait été réalisée, d’ailleurs, Chapron a construit pour son compte des SM à quatre portes baptisées Opéra et moyennement réussies. Quant à l’italienne, sa définition semble bien vue : une auto suffisamment rapide (200 km/h), confortable, extrêmement sûre et moins gourmande que celle qu’elle remplace grâce à son moteur plus petit. Mais les faillites de Citroën et Maserati scellent son sort, mettant fin à toute perspective d’évolution.
👋 Un héritage survolté :
Treize Quattroporte II ont été produites jusqu’en 1978, à l’unité, sur demande d’une clientèle presque exclusivement proche-orientale. Devant les difficultés financières persistantes, l’avenir de la Quattroporte II reste incertain. Côté italien, une variante 3,2 L de la Quattroporte II a été présentée, mais le cours des événements s’est avéré défavorable à la continuation de ce modèle. Alejandro de Tomaso, qui a racheté Maserati en 1975, décide d’aller de l’avant avec une Quattroporte III, mettant un terme au développement de la Quattroporte II.
En définitive, la Maserati Quattroporte II, fruit d’une collaboration troublante avec Citroën, reste ancrée dans l’histoire automobile en tant que projet audacieux et inabouti, mais dont l’essence novatrice a marqué son époque. 🚗✨