Les ventes de voitures hybrides explosent en Europe
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Les ventes de voitures hybrides connaissent un essor considérable en Europe, mais derrière ce succès se cachent des enjeux environnementaux et industriels majeurs.
Dans un marché automobile européen en difficulté, l’hybride fait figure de star. Ces véhicules, alliant moteur thermique et électrique, ont conquis près d’un tiers du marché des voitures neuves en Europe en août 2024, avec une augmentation spectaculaire des ventes de 25,7 % en un an. En France, ce phénomène est encore plus marqué, les hybrides représentant 38 % des ventes. Ce succès semble ravir à la fois les constructeurs et les consommateurs, mais il dissimule une réalité plus complexe qu’il n’y paraît.
Le chant des sirènes de l’hybridation
L’attrait de l’hybride réside d’abord dans sa promesse d’une transition en douceur vers l’électrique pur. Sébastien Jacquet, chef-adjoint de l’ingénierie du groupe Stellantis, exprime ainsi cet attrait particulier : "Des clients viennent vraiment pour les gains de consommation, et repartent emballés par le plaisir de conduite. Et d’autres viennent pour une électrique et trouvent que c’est une étape intermédiaire avant d’en acheter une." Cette technologie permet de découvrir les avantages de l’électrification sans les contraintes liées à la recharge et à l’autonomie des véhicules.
Les constructeurs ont bien compris l’intérêt de cette tendance et explorent ce créneau juteux. Stellantis prévoit de lancer 30 modèles hybrides d’ici fin 2024, tandis que Volkswagen, malgré son engagement en faveur de l’électrique pur, compte également se lancer dans l’hybride dès 2025. Même Toyota, précurseur de l’hybride avec sa Prius, continue de promouvoir ce type de motorisation, craignant que les prix élevés des véhicules électriques ne freinent complètement le marché.
L’illusion d’une solution durable
Pourtant, ce succès commercial dissimule un problème fondamental. Léo Larivière, Responsable Plaidoyer Transition Automobile chez le groupe de réflexion Transport & Environment (T&E), met en garde : "C’est la version la plus moderne des voitures thermiques, mais ce n’est absolument pas à la hauteur de nos enjeux en termes de transition énergétique."
En effet, malgré une consommation de carburant moindre par rapport aux véhicules thermiques (entre 5 et 30 % selon les modèles), les émissions des hybrides restent nettement supérieures à celles des véhicules électriques 100 %. Tant que les batteries resteront de petite capacité, l’autonomie sera limitée et les véhicules continueront à émettre des polluants, du moins en partie.
De plus, cet engouement pour l’hybride pourrait retarder la transition vers l’électrique pur, pourtant indispensable pour atteindre les objectifs climatiques. L’Union européenne l’a bien compris en programmant l’interdiction de la vente de véhicules hybrides neufs à partir de 2035, au même titre que les voitures thermiques traditionnelles à essence ou diesel.
Le succès de l’hybride pose un dilemme à l’industrie automobile européenne. D’un côté, il offre un répit face à la concurrence chinoise sur l’électrique. De l’autre, il risque de retarder une transition inévitable, laissant l’Europe à la traîne dans la course à l’innovation. Alors que les constructeurs européens se réjouissent de ce succès à court terme, ils pourraient en réalité creuser leur propre tombe. L’hybride, censé servir de transition vers l’électrique, pourrait devenir un cul-de-sac technologique, maintenant une dépendance au pétrole que l’Europe cherche justement à réduire. Une volonté qui remonte aux chocs pétroliers des années 1970.
- Les ventes d’hybrides explosent en Europe, séduisant les consommateurs par un compromis entre performance et consommation réduite.
- Bien que moins polluants que les voitures thermiques, les hybrides ne constituent pas une solution durable à long terme et pourraient retarder la transition vers l’électrique pur.
- Le succès de l’hybride offre un répit à court terme, mais pourrait devenir un obstacle à la transition énergétique à long terme.
