Volvo ajuste ses objectifs d’électrification face aux défis du marché
Volvo, fleuron de l’industrie automobile suédoise désormais sous la propriété du géant chinois Geely, surprend en revoyant ses ambitions à la baisse en matière d’électrification. La marque abandonne son objectif initial de 100 % de ventes de véhicules électriques d’ici 2030 pour viser désormais une fourchette de 90 % à 100 % de véhicules électrifiés, incluant les hybrides rechargeables.
Un marché en pleine évolution
Ce changement stratégique de cap de la part de Volvo reflète les perturbations actuelles sur le marché de la voiture électrique. Après une période d’engouement et de croissance rapide, des signes de ralentissement se font sentir, notamment avec la fin des incitations à l’achat dans certains pays européens comme l’Allemagne.
Jim Rowan, PDG de Volvo, souligne que malgré la conviction de l’entreprise envers l’électrification, il est clair que l’adoption de cette technologie ne se fera pas de manière uniforme, chaque marché évoluant à son rythme.
Cette décision permet à Volvo de s’adapter à un marché plus turbulent que prévu en conservant des hybrides rechargeables dans sa gamme pour répondre aux attentes diverses de sa clientèle internationale.
Volvo, leader de l’électrification en Europe
Malgré ce ajustement, Volvo reste un acteur crucial de l’électrification en Europe. Un quart de ses ventes sont des modèles électriques, auxquels s’ajoutent un tiers d’hybrides rechargeables. Son SUV compact EX30 se positionne à la troisième place des voitures électriques les plus vendues en Europe au premier semestre 2024, juste derrière les Tesla Model X et Model 3.
Volvo a réussi à rendre ses modèles électriques presque aussi rentables que les modèles thermiques, affichant une marge brute de 20 % sur les véhicules à batterie contre 23 % pour l’essence, démontrant ainsi que la transition énergétique peut aller de pair avec la profitabilité.
Cette avance technologique et économique pourrait s’avérer précieuse alors que la réglementation européenne CAFE se durcit en 2025, incitant les constructeurs à réduire les émissions de CO2 de leurs véhicules neufs. Volvo, ayant déjà dépassé ses objectifs, pourrait monnayer ses crédits CO2 auprès d’autres constructeurs, générant potentiellement plusieurs centaines de millions d’euros selon les analystes d’UBS.
Défis géopolitiques à relever
Néanmoins, Volvo doit faire face à des défis géopolitiques, notamment sa dépendance à la Chine où une partie de ses véhicules est produite. Les tensions commerciales croissantes ont un impact négatif sur le constructeur, avec l’augmentation des droits de douane européens sur les véhicules importés de Chine et la suspension des livraisons de son SUV EX30 aux États-Unis en raison d’une surtaxe d’importation de 100 %.
Ces obstacles contraignent Volvo à abaisser ses prévisions de ventes pour l’année en cours, l’obligeant à jongler entre ses objectifs d’électrification, sa rentabilité et les aléas d’un marché mondial de plus en plus fragmenté.
En résumé, Volvo ajuste sa stratégie d’électrification pour s’adapter à un marché en mutation, tout en restant un leader dans le domaine en Europe malgré les défis géopolitiques auxquels l’entreprise doit faire face.