Le département de la Vendée s’est distingué comme étant un pionnier en termes de mobilité alternative, particulièrement électrique. Cependant, toutes les concessions automobiles du territoire ne sont pas sur la même longueur d’onde. Guy, un habitant de la région, rencontre actuellement un problème de recharge continue de sa Dacia Spring. Malgré ses efforts, il n’a pas réussi à obtenir de solution à ce jour. Pire encore, notre site est indûment invoqué pour le persuader qu’il a tort.
Un petit détour
En termes d’automobile, d’électromobilité, de mécanique, d’électricité et de navigation, Guy n’est certainement pas un néophyte : « J’enseigne encore à 65 ans au club aéronautique de l’île d’Yeu pour la licence de pilote privé. Certains de mes anciens étudiants ont continué, allant parfois jusqu’à devenir pilote de ligne ou de chasse« , dit-il.
Guy est également conscient des développements dans le domaine de l’aviation électrique : « J’ai déjà vu voler un Pipistrel Velis Electro, mais je n’ai pas encore eu la chance de monter à bord. Il n’y en a que cinq en France actuellement. La Fédération française aéronautique (FFA) y porte un intérêt certain. Grâce au remplacement de la batterie, c’est un avion qui récupère rapidement de l’énergie. Je suis bien sûr en faveur, mais pas pour l’île d’Yeu, compte tenu de l’autonomie encore relativement limitée, alors que nous sommes entourés d’eau« .
Petite déviation : l’appareil est distribué en France par Green Aerolease qui a commandé une cinquantaine d’unités au constructeur slovène. Il est équipé d’un moteur à refroidissement liquide de 57,6 kW. Le Pipistrel Velis Electro dispose d’une batterie d’une capacité énergétique utilisable de 24,8 kWh, permettant une autonomie maximale de 65 minutes.
Entre décembre 2023 et janvier 2024, la FFA et Green Aerolease ont interrogé plus de 35 000 pilotes français, obtenant 2 435 réponses de 380 établissements différents. 73% des personnes interrogées ont indiqué qu’ils souhaitaient « avoir accès à un avion électrique au sein de leur aéroclub« .
Reportage pour FR3
Guy et sa compagne Sylvie ont adopté l’électricité il y a près de dix ans : « L’île d’Yeu abrite la station-service où le carburant est le plus cher en France. L’essence est actuellement affichée à 2,47 euros le litre et le diesel à 2,32 euros. L’année où nous avons acheté notre voiture, 8% des Peugeot iOn ont été vendues sur l’île. Nous avions profité d’une LOA sur 4 ans à 89 euros par mois qui s’est transformée en LOA. Au final, cette voiture nous a coûté 11 400 euros« , explique-t-il.
France 3 Pays de la Loire a réalisé en 2018 un reportage sur l’essor des voitures électriques sur l’île d’Yeu. Le concessionnaire Peugeot local indiquait alors que la proportion de VE dans ses ventes de voitures neuves représentait une part d’environ 40%, contre moins de 2% à l’échelle nationale.
« C’est Sylvie qui parle de l’utilisation de la Peugeot iOn dans ce reportage. Avant, elle dépensait environ 100 euros par mois de diesel pour sa Renault Clio. Pour les touristes qui séjournaient dans nos chambres d’hôte, cette voiture électrique servait à récupérer les bagages à l’arrivée du bateau. Nos activités expliquent que nous avons totalisé entre 7 000 et 8 000 km par an sur l’île avec la iOn. À 70 000 km, elle a toujours une autonomie de 110 km ».
De beaux moments en Peugeot iOn
Guy, qui est un expert en navigation, a également tenté un long voyage avec sa petite voiture électrique : « Nous sommes allés une fois à Montpellier avec la iOn [NDLR = Ce qui représente environ 800 km à plus ou moins 35 km près, selon les itinéraires proposés par ViaMichelin]. C’était épique. Nous avons réalisé le trajet sur trois jours en dormant dans des chambres d’hôtes« .
Il garde un bon souvenir de cette expérience : « Dans l’ensemble, cela s’est bien passé. Nous nous permettions un maximum de 80 km entre deux recharges. Heureusement que nous avions une certaine marge, car nous sommes tombés sur de nombreuses bornes en panne. Chargemap existait déjà, ce qui nous a permis de bien planifier notre déplacement. À l’époque, comme les bornes pouvaient être parfois rares, en particulier pour la recharge rapide, on trouvait des adresses particulières qui offraient une prise chez eux« .
La iOn a été très appréciée par le couple : « Le seul inconvénient est son autonomie relativement faible et l’absence d’une montre à bord. En revanche, par rapport à la Dacia Spring, elle offre un vrai plancher plat lorsque le siège arrière est replié et une belle modularité grâce au dossier qui se rabat en deux parties. Il est ainsi possible de voyager à trois avec des bagages. La iOn est confortable et agréable à conduire« .
Besoin de plus d’autonomie
Le prix des carburants n’a pas été le seul facteur qui a motivé Guy et sa compagne à passer à l’électrique : « Nous voulions aussi faire un geste pour la planète. Je ne me sens pas particulièrement écolo, mais nous avons un système de chauffage écologique, nous ne sommes pas de gros consommateurs et nous veillons toujours à bien entretenir notre matériel« .
En ce qui le concerne, réduire son empreinte carbonique signifie aussi prolonger la durée de vie des véhicules en les conduisant avec prudence et en consommant moins : « Je possède toujours ma Peugeot 406 HDI de 2004, qui a déjà 450 000 km au compteur. Je conduis calmement, je ne brutalise jamais mes voitures et je réalise moi-même leur entretien. Avec elle, je consomme 5 litres de diesel aux 100 km. Peut-être que si ma 406 n’était plus là, nous opterions pour une voiture électrique pour les longs trajets. J’espère d’abord l’arrivée de batteries moins polluantes« .
Notre lecteur entendait tout de même remplacer la iOn par une citadine ou une voiture petite ou moyenne avec une meilleure autonomie : « Nous voulions atteindre un minimum de 270 km pour pouvoir rendre visite régulièrement à notre fille, maraîchère bio en Bretagne. Sans toutefois devoir y mettre un prix élevé. Cela a mal commencé lors de notre visite d’une concession en Loire-Atlantique, où ils ont essayé de nous faire acheter, à la place de la Dacia Spring, une Renault Zoé. Avec le prix de celle-ci, nous aurions pu avoir deux Spring« .
Se décider sur le plan économique
Les tarifs élevés des voitures électriques ont découragé Guy d’opter pour un autre modèle : « La Peugeot e-208 me plaît bien. Nous avions aussi envisagé la Nissan Leaf et la MG4. Le déclic qui nous a poussé à choisir la Dacia Spring a été sa longueur, inférieure à quatre mètres. Tous les autres modèles, y compris la Zoé, dépassent cette taille. Cela se répercute sur le transport du véhicule par bateau.« .
Pour comparer, avec une réservation à moins d’un mois, le voyage aller-retour pour l’île d’Yeu coûte 100 euros de plus pour un modèle mesurant entre 4 et 4,5 m : 548,60€ contre 648,80€. Pour notre lecteur, la Spring se présente comme le « compromis idéal » : « Elle répond parfaitement à nos besoins. C’est dommage qu’elle soit fabriquée en Chine. Et pourquoi ne pas proposer d’autres voitures électriques à 15 000 euros plutôt que d’avoir toujours plus de chevaux inutiles?« .
Guy et Sylvie n’ont pas la même opinion sur cette voiture : « J’ai tout de suite aimé son style baroudeur. Pas ma femme. Nous n’avons pas pris le modèle trop voyant en bleu avec les coques de rétroviseurs orange. La nôtre est grise« .
Une voiture sympathique qui fait le job
Environ deux ans après avoir commencé à utiliser la Dacia Spring, le Vendéen donne son opinion : « Elle offre une bonne conduite générale, est silencieuse et bien équipée. En termes de construction, c’est propre et bien fait. Par contre, je la trouve vulnérable au niveau des composants inférieurs. C’est pourquoi j’ai ajouté un bouclier de protection pour le moteur et le variateur« .
Dans le décor de l’île d’Yeu, l’autonomie est favorable : « Nous atteignons une distance de 300 km, contre 250 km sur le continent. Même si c’est une voiture électrique d’entrée de gamme, elle est parfaitement adaptée à nos besoins. Seulement 44 ch, c’est suffisant pour moi, je vois la voiture électrique avant tout comme un moyen de transport. Il lui manque seulement un régulateur de vitesse et des rétroviseurs rabattables. Avec nos rues étroites sur l’île, c’est essentiel pour qu’ils ne soient pas arrachés« .
Il n’y a pas de station de recharge rapide sur place : « Nous ne nous déplaçons pas beaucoup avec cette voiture, mais nous nous servons d’elle pour des trajets plus longs, comme aller à Nantes et ailleurs. C’est pourquoi nous avons opté pour la recharge à 30 kW avec le connecteur CCS« . Cet équipement était facturé 600 euros. C’est cette option qui depuis 18 mois pose un problème apparemment insoluble à la concession vendéenne.
Un dialogue de sourds?
Le traitement du problème rencontré par Guy ne factoie pas en faveur de la marque Dacia. On ressent que sa situation est traitée de manière désinvolte par la concession vendéenne. En désespoir de cause, notre lecteur a ouvert une discussion sur le forum d’Automobile Propre où la concession est sévèrement critiquée : « J’ai essayé sur plusieurs bornes DC sur le continent et ça ne fonctionne pas. Le garage où je vais a connecté ma Spring et a obtenu une puissance de 8 kW ».
Les réponses du concessionnaire sont incroyables : « Pour eux, c’est normal, car la recharge à 30 kW serait simplement un argument marketing et ne pourrait fonctionner au-delà de 8 kW. Ils n’hésitent pas à affirmer que personne ne prend cette option car elle ne fonctionne pas. Ils me disent : ‘Comment voulez-vous recharger à une puissance de 30 kW une batterie qui ne fait que 27 kWh ?’ ».
Une mise à jour du logiciel du véhicule n’a rien changé. Apparemment totalement dans le brouillard, la concession bloque la procédure au niveau du service de réclamation de Dacia : « Ils testent via le port de diagnostic et disent que c’est OK. Je leur rétorque que ça ne marche toujours pas, mais ils persistent : ‘Oui, mais c’est OK’. Du coup, la procédure d’appel est bloquée chez Dacia ».
Faire traîner jusqu’à la fin de la garantie ?
Guy reconnaît avoir été bien traité par la personne du service de réclamation téléphonique du constructeur : « On me demande d’aller dans une autre concession de la marque. Mais toutes celles autour de moi et du département dépendent du même groupe Jean Rouyer. Le pire, c’est qu’ils ont imprimé depuis le site Automobile Propre la page de recharge de la Spring, en soulignant la ligne qui les intéresse, celle de la recharge AC. Alors que, juste en dessous, celle pour les 30 kW en Combo CCS est clairement visible. Bien sûr, ils refusent de regarder les vidéos d’Automobile Propre qui montrent clairement que la recharge DC fonctionne parfaitement sur la Spring ». La vidéo ci-dessous prouve même que la courbe atteint une puissance de 33 kW.
En analysant cette situation, il est clair que le garage traite son client avec un mépris total, ignorant les compétences du pilote mécano instructeur et son expérience de la mobilité électrique : « Ils ne savent même pas qu’elle est fabriquée en Chine. Ils me conseillent d’utiliser des équipements qu’elle n’a pas, comme le GPS et le préconditionnement de la batterie avant recharge« .
Le pilote vendéen ne voudrait pas aujourd’hui se passer de voiture électrique. Mais il commence à se faire une idée du jeu que joue le garage auquel il accordait auparavant sa confiance : « Je pense qu’ils font traîner les choses en espérant que ma Spring sorte de garantie« .
Automobile Propre et moi-même remercions vivement Guy pour sa ré