Retour sur la Ligier JS2 : une pérégrination de 50 ans
Il y a une demi-siècle, la Ligier JS2, une sportive aux lignes élégantes et au moteur central, cessait son aventure sur le sol français. Et si nous redécouvrions cette automobile fascinante ?
Les débuts de Ligier : entre passion et vitesse
Les voitures sans permis ont permis au grand public de découvrir la marque Ligier. Paradoxalement, ce constructeur, basé près de Vichy, à Abrest, faisait ses débuts dans la course automobile dès les années 60. L’homme derrière tout cela, Guy Ligier, possédait un caractère flamboyant. Ancien rugbyman et pilote de motos puis de voitures, il a arpenté les circuits de Formule 1 mais a rapidement réalisé que le sommet de la compétition restait hors de portée pour lui.
Déterminé et intrépide, Guy Ligier tisse des liens avec un autre pilote, Jo Schlesser. Éprouvé par la perte tragique de son ami, décédé lors d’une course en 1968, Ligier décide de rendre hommage à Schlesser en empruntant ses initiales pour baptiser sa future voiture : JS.
Pour la conception de cette automobile, il fait appel à Michel Tétu, un ingénieur renommé de l’univers sportif, et lui donne carte blanche pour créer une voiture d’exception. En 1969, la JS1, véritable monstre de compétition, voit le jour. Son moteur est placé en position centrale arrière, et son châssis, constitué principalement d’une poutre en aluminium, intègre un matériau novateur, le Klegecell, qui est une mousse de PVC. Ce choix permet d’obtenir une structure à la fois ultra légère et rigide.
La puissance de cette voiture provient d’un moteur 4-cylindres Ford Cosworth, associé à une boîte de vitesses Hewland. En théorie, la JS1 est un modèle prometteur. Conçue par l’Italien Frua, elle évoque la célèbre Ford GT40, que Ligier avait déjà pilotée, tout en assurant une visibilité améliorée. En annonçant une version routière équipée d’un moteur de Ford Capri, et en adaptant la carrosserie pour un usage sur la route, Ligier espérait le succès. Cependant, les performances de la JS1 ne correspondent pas aux attentes, son mécanisme étant jugé fragile.
Une métamorphose : l’avènement de la JS2
Pour surmonter ces obstacles, Ligier se tourne vers Citroën et commence par adopter la boîte de la SM. Fil conducteur de son projet, l’enthousiasme de Ligier ne faiblit pas malgré un nouveau revers : Ford refuse de lui fournir des moteurs pour la route. En quête de solutions, il croise le chemin de Raymond Ravenel, directeur de Citroën, au salon de Paris en 1970, qui lui autorise l’utilisation du V6 Maserati.
Ce moteur de 2,7 litres est séduisant : ultra compact avec un poids de seulement 140 kg pour une puissance de 170 ch, il permet d’optimiser les performances de la JS2. Après des mois de négociations, l’accord est signé en 1971, suivi de modifications impératives sur le châssis pour l’intégration de ce moteur plus volumineux.
Le modèle final de la JS2 est lancé en 1972, offrant une voiture de sport française haut de gamme, arborant un pedigree impressionnant grâce à sa technologie issue de l’univers de compétition. Elle se distingue notamment par sa suspension avant et arrière à doubles triangles, avec en option un 3e amortisseur transversal pour limiter le roulis. Avec un poids de 850 kg annoncé, sa capacité d’accélération est remarquable, pouvant théoriquement atteindre les 240 km/h, une performance remarquable pour l’époque.
Toutefois, le prix est un frein : la fabrication artisanale de la JS2 fait grimper son coût à **74 000 F**, soit environ 82 700 € aujourd’hui. À titre de comparaison, une Citroën SM avec ce même moteur était proposée à 58 200 F. Cette dépendance à la concurrence n’incite pas à l’achat, malgré l’attrait esthétique et la possibilité de faire entretenir la voiture chez Citroën. Et pourtant, la JS2 n’arrive pas à surpasser les autres en termes de performances, sa conduite étant parfois délicate.
Sa sonorité moteur ne répondant pas non plus aux attentes, Ligier ne se décourage pas. En 1973, il décide d’intégrer le moteur de 3,0 l de la SM américaine, portant la puissance à 195 ch. Cela entraîne une révision des réglages du châssis, et les performances s’améliorent, tout comme le confort intérieur. Le prix, quant à lui, demeure inchangé. La voiture entre alors dans une phase de maturité !
Bien que la production ait légèrement augmenté, atteignant 70 unités, la situation commence à se dégrader. En effet, la crise pétrolière de 1973 frappe de plein fouet et, tandis que Ligier tente d’embellir sa JS2, les ventes de voitures de sport chutent. Le gouvernement va encore compliquer les choses en interdisant les compétitions automobiles, privant ainsi la JS2 d’une vitrine essentielle pour ses performances.
En 1975, une version améliorée avec des phares escamotables est présentée au salon de Genève, mais la conjoncture économique n’est guère propice et un nouveau revers se profile ; suite à la faillite de Citroën et son rachat par Peugeot, Ligier se voit privé d’accès au V6 Maserati. C’en est trop : Guy Ligier abandonne en juin 1975, après avoir produit moins de 90 unités de la JS2. Dix années après, Venturi s’aventurera sur le même chemin, avec une issue analogue…
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