Face à la prépondérance des fabricants asiatiques sur le segment des batteries, l’Europe a lancé une initiative innovante pour concevoir une nouvelle génération d’accumulateurs, visant à être plus durables, plus sûrs et d’une performance supérieure.
Le marché des batteries, principalement dominé par le colosse asiatique CATL, s’avère être un enjeu stratégique pour l’industrie automobile européenne. Dans ce cadre, l’initiative de recherche intitulée Safeloop a été récemment lancée par l’Université de Leipzig, avec un but ambitieux : d’élaborer une batterie européenne offrant une sécurité, une performance et une durabilité deux fois supérieures aux standards actuels.
Transformer l’univers des batteries pour véhicules électriques
Le projet Safeloop vise à améliorer l’ensemble des systèmes de batteries. Il se concentre sur tous les éléments essentiels : cathodes, anodes, séparateurs, et électrolytes. « Nous aspirons à perfectionner chaque élément afin d’obtenir un impact significatif global », explique le professeur Kelvin Willoughby, le responsable de ce projet à l’Université de Leipzig.
En ce qui concerne les cathodes, les chercheurs expérimentent des substances comme le NMC, le LFP, ainsi que des options plus avant-gardistes telles que le LNMO, en mettant l’accent sur les matières premières extraites du recyclage des batteries usagées. L’anode est également sujette à d’importantes innovations, intégrant un composite élaboré combinant graphite naturel, graphite recyclé, graphite synthétique et de la poudre de silicium nano-dispersée.
La véritable avancée pourrait provenir des électrolytes. Les équipes de Safeloop sont en train de créer des formulations non inflammables qui pourraient accroître de 15 % la stabilité des cycles de charge et décharge, permettant ainsi d’atteindre 2000 cycles tout en préservant 80 % de la capacité initiale. Cette technologie représente un pas de géant pour la sécurité et la durée de vie des véhicules électriques.
Safeloop : des tests concrets prévus d’ici 2030
Avec un budget de 4,7 millions d’euros étalé sur trois ans, Safeloop va au-delà de la recherche théorique. Ce projet s’attache également à tester ses innovations dans des conditions réelles, notamment à travers des essais sur des bus électriques. « Nous mettons tout en œuvre pour rendre ces nouvelles technologies accessibles à tous, en développant des modèles prêts à être commercialisés », précise Willoughby.
Une coopération étroite entre le milieu académique et le secteur industriel est mise en place pour favoriser le passage à l’échelle de ces innovations sur le marché. Ainsi, en plus de l’Université de Leipzig et de l’Imperial College London, on retrouve des entreprises comme American Energy Technologies et Yunasko.
Cette initiative Safeloop s’inscrit dans un programme européen plus vaste, qui inclut des projets comme BATT4EU ou BATTERY 2030+. L’objectif global est clair : établir une industrie des batteries en Europe, qui soit competitive, durable et circulaire.
Les premiers prototypes pourraient voir le jour dans les mois à venir, avec des cellules développées par le centre de recherche turc Tübitak. Ces nouvelles batteries de génération à venir seront soumises à des tests rigoureux pour évaluer leurs performances énergétiques ainsi que leur sécurité, un aspect essentiel compte tenu des incidents d’incendie ayant terni l’image des véhicules électriques. L’espoir est immense, car ce projet pourrait permettre à l’Europe de combler son retard considérable dans le secteur des batteries pour véhicules électriques, actuellement dominé par des acteurs asiatiques.
- Safeloop : un projet européen visant à doubler la durée de vie des batteries d’ici 2030
- Le consortium, composé de 15 partenaires, crée des batteries non inflammables capables d’atteindre 2000 cycles de recharge
- Objectif : permettre aux batteries européennes de rivaliser avec les meilleures technologies disponibles sur le marché mondial, tout en étant plus durables.
