L’implication de l’industrie automobile dans un nouvel effort de guerre ?
Alors qu’on n’aurait jamais imaginé la nécessité de discuter d’un effort de guerre en France, la situation mondiale a pris un tournant inattendu. Depuis l’élection de Donald Trump et l’échange tendu avec Volodymyr Zelensky concernant l’Ukraine, les discours autour de ce thème se sont multipliés, notamment lors de l’allocution d’Emmanuel Macron le 5 mars.
Actuellement, l’effort de défense est déjà sonné à travers l’Europe, avec une estimation de 800 milliards d’euros évoquée par Bruxelles. Cette somme colossale serait répartie entre les 27 États membres, les plus grands d’entre eux ayant déjà commencé à évaluer leur part. Pour l’Allemagne, la contribution pourrait se chiffrer entre 200 et 400 milliards, tandis que la France devrait investir plus de 20 milliards par an, ce qui reflète clairement le temps de réaction plus lent de nos voisins germaniques.
Une partie significative de ces investissements devrait se concentrer sur l’industrie militaire. Comme l’a souligné le ministre de la Défense, Sébastien Lecornu, il serait nécessaire de commander deux à trois frégates et une vingtaine de Rafales, tout en intégrant des technologies liées à l’aérospatiale. Néanmoins, la filière automobile a aussi un rôle à jouer dans cet effort. Par exemple, Valeo équipe déjà certains véhicules militaires avec ses technologies avancées, notamment ses systèmes de vision à 360 degrés et ses Lidars. Arquus, anciennement connu comme Renault Trucks, fournit déjà des véhicules blindés comme le Sherpa Light, le Kerax et le VT4.
Des investissements à venir pourraient bien renforcer l’implication de ce secteur. Malgré une tendance actuelle de modernité dans les conflits, les besoins ne manquent pas, et le vice-président de la Commission européenne l’a souligné, laissant entendre que des appels d’offres pour des projets militaires pourraient inclure des entreprises d’équipement et même des constructeurs non traditionnels.
Actuellement, les garages militaires accueillent divers types de véhicules. Si certains anciens modèles de Land Rover Defender sont encore présents, le VT4 d’Arquus, qui est en réalité une version militarisée du Ford Everest, reste prédominant. Le choix de véhicules américains en ces temps incertains pourrait poser des questions sur leur approprié en temps de conflit.
Les options pour remplacer ces engins dans les opérations militaires sont limitées. Les 4×4 entièrement français sont rares sur le marché, avec l’Ineos Grenadier comme exemple notable—bien qu’il soit fabriqué en France, l’entreprise soit britannique. Le modèle a l’avantage d’une image positive, mais sa production reste restreinte. Les grands constructeurs français ont cessé de proposer de tels modèles par manque d’intérêt de la part des consommateurs. Bien que le Dacia Duster ait ses fans, il est peu probable qu’il soit utile dans un contexte militaire.
Le Peugeot Landtrek pourrait sembler être une solution, mais il est conçu pour un marché lointain et fabriqué sur une plateforme chinoise, ce qui le rend inadapté aux standards occidentaux. On mentionne aussi Mercedes, dont le Classe G a précédemment été rebadgé en Peugeot P4, offrant une option connue pour sa robustesse, mais son prix peut constituer un frein.
La collaboration avec l’industrie allemande est pour l’instant en attente, même si des initiatives internes en matière de défense fleurissent dans ce pays. Les grands groupes militaires tels qu’Hensoldt et Rheinmetall montrent un intérêt pour le personnel licencié dans le secteur automobile, un phénomène qui pourrait redessiner le paysage industriel. Sans surprise, certains grands noms de l’automobile, tels que Bosch et Continental, voient leurs employés se tourner vers ces nouveaux défis.
Dans ce contexte, la filière automobile pourrait-elle tirer parti des difficultés rencontrées par l’industrie pour renforcer son rôle dans l’économie de guerre ? Les dirigeants d’Hensoldt ne le cachent pas en précisant qu’ils « tirent partie des difficultés du secteur automobile ». Ce modèle de soutien pourrait, de façon inattendue, relancer à la fois l’industrie de la défense et celle de l’automobile.