Le constructeur chinois BYD a entrepris des actions légales contre plusieurs influenceurs. Ils sont au nombre de 37 et l’entreprise les accuse de diffamation.
Les relations entre marques et influenceurs peuvent parfois se détériorer. Les critiques sur les réseaux sociaux peuvent porter atteinte à l’image d’une entreprise. Généralement, les marques se contentent de demander la suppression ou la modification de contenus inconfortables. Néanmoins, en Chine, BYD adopte une stratégie nettement plus combative.
Influenceurs sous surveillance en Chine
D’après le site CarNewsChina, BYD a récemment engagé des poursuites judiciaires contre 37 influenceurs qu’elle accuse de diffamation. Par ailleurs, l’entreprise a ajouté 126 autres influenceurs à une liste de surveillance pour contrôler leurs futures publications. Un bureau spécifique, intitulé « Bureau anti-fraude de l’information », a été créé pour surveiller les contenus jugés nuisibles à la réputation de la marque.
Pour inciter à dénoncer ce type de contenus, BYD propose des primes attractives allant de 50 000 à 5 millions de yuans (soit de 6 000 à 600 000 euros) pour toute information utile concernant des campagnes de dénigrement.
Les exemples sont nombreux : un influenceur ayant prétendu que BYD manipulait d’autres pour blesser la concurrence a dû s’excuser publiquement et a été condamné à une amende de 100 000 yuans (environ 12 000 euros). Un autre a également été pénalisé pour avoir prétendu, à tort, que BYD était en difficulté financière.
Un phénomène rare en Occident
Ce phénomène dépasse le cadre de BYD. D’autres fabricants chinois tels que Nissan-Dongfeng, Tesla Chine, Great Wall Motor et Changan Automobile ont également poursuivi des influenceurs. En août 2023, Nissan-Dongfeng a remporté un procès contre un créateur ayant publié plus de 50 vidéos nuisibles sur TikTok. Ce dernier a été condamné à verser 5 millions de yuans (environ 600 000 euros) en réparation. Tesla a aussi engagé des actions similaires en 2022, aboutissant à un règlement à l’amiable.
Comparativement, ces types de procédures restent plus rares en Europe et en Amérique du Nord. Un cas notoire est celui de la plainte de Tesla contre l’émission britannique Top Gear en 2008, suite à des commentaires controversés du présentateur Jeremy Clarkson. La justice avait alors rejeté la plainte, ne trouvant aucune preuve de mauvaise foi.
En Chine, la diffamation est sévèrement punie et peut donner lieu à des poursuites pénales. Critiquer ouvertement des grandes entreprises, souvent publiques ou liées au gouvernement, présente un risque prononcé, surtout pour ceux ayant une audience importante. Même des allégations partiellement fondées peuvent suffire à engager des poursuites si jugées nuisibles à l’entreprise.