Dans plusieurs métropoles de France, une nouvelle tendance suscite des débats : des conducteurs choisissent de dissimuler intentionnellement leurs plaques d’immatriculation. Ce phénomène, qui soulève des interrogations sur le cadre juridique et les conséquences potentielles, est en forte expansion.
Dans des villes comme Paris, Toulouse, Bordeaux, et Marseille, des voitures stationnées portent désormais des accessoires surprenants : cartons, torchons, ou même des masques chirurgicaux recouvrent leurs plaques d’immatriculation.
Cette pratique, qui pourrait faire sourire, révèle néanmoins une réalité plus sérieuse : le désir d’échapper à la **Lecture Automatisée des Plaques d’Immatriculation (LAPI)**, un système mis en œuvre par les collectivités locales pour **contrôler le stationnement payant**.
Une tendance viralisée sur les réseaux sociaux
Le phénomène a gagné en visibilité après qu’un avocat parisien, expert en droit automobile, ait diffusé une vidéo devenue virale sur TikTok, comptabilisant plus de 2,8 millions de vues. Dans ce contenu, il présente cette méthode comme une solution astucieuse pour se défendre contre les **« sulfateuses à PV »**. Le principe est simple : **cacher la plaque empêche les véhicules de contrôle, munis de LAPI, de scanner l’immatriculation, empêchant ainsi de vérifier le paiement du stationnement**.
Cette tendance touche surtout les zones urbaines où le stationnement s’apparente à un véritable casse-tête financier pour les résidents. Les travailleurs des chantiers parisiens, par exemple, se servent fréquemment de cette astuce pour éviter les contraventions durant leurs interventions. Des variantes ingénieuses ont également vu le jour, comme le stationnement en épi contre les murs, l’emploi de bâches antipluie pour les deux-roues, ou un emplacement astucieux collé à d’autres véhicules.
Un cadre légal flou qui soulève des questions
Les partisans de cette technique s’appuient sur ce qu’ils perçoivent comme un vide juridique. L’article R317-8 du Code de la route stipule que **les plaques doivent être « fixées en évidence » et conservées dans un état permettant la lecture des inscriptions**. Toutefois, ce texte, rédigé bien avant l’implémentation de contrôles automatisés, laisse place à des interprétations variées.
La question de la responsabilité soulève également des interrogations. **Comment déterminer qui est responsable du masquage d’une plaque ?** En effet, un voisin malveillant pourrait théoriquement dissimuler les plaques d’une toute une rue. Cette zone grise du droit nourrit les discussions entre automobilistes et autorités, chacun défendant sa propre interprétation des réglementations.
Des conséquences potentielles qui dépassent les économies escomptées
Les municipalités ne restent pas inactives face à ces pratiques. À Toulouse, par exemple, les agents de surveillance de la voie publique (ASVP) ont ajusté leur approche. Lorsqu’ils rencontrent un véhicule dont les plaques sont dissimulées, ils passent en mode manuel et peuvent imposer une double sanction : **35 euros pour défaut de paiement du stationnement, auxquels s’ajoutent potentiellement 135 euros pour plaque illisible**.
La jurisprudence semble également favoriser les autorités. Un arrêt de la Cour de cassation en 2015 a précisé que l’infraction relative à la lisibilité des plaques **« concerne l’équipement du véhicule et non sa conduite »**, ce qui permet de relever l’infraction même sur un véhicule à l’arrêt. Cette décision offre une base juridique solide pour les contraventions.
Il convient également de rappeler que bien que le débat se concentre pour l’heure sur le stationnement, **la manipulation des plaques d’immatriculation circulant (graissage, modification des caractères) est une infraction bien plus sérieuse pouvant entraîner des poursuites pénales**.
- Masquer les plaques d’immatriculation peut entraîner une amende double s’élevant jusqu’à 170 euros.
- Cette pratique, de plus en plus fréquente, est manifestement illégale.
- Les économies réalisées sur le stationnement peuvent être substantielles, mais les risques juridiques restent à prendre en compte.